1315. Triste fin aujourd’hui pour Enguerrand de Marigny, chambellan et ministre du roi Philippe IV, dit le Bel, alors qu’il est exécuté par pendaison pour sorcellerie. On a beau être considéré comme le bras droit d’un puissant monarque, mais lorsque celui-ci disparaît, ledit bras, dorénavant orphelin du reste du corps, donc sans support, devient rapidement une proie facile.
Philippe le Bel, notoire notamment pour avoir été le tombeur des derniers Templiers, tout en se méritant la malédiction pour lui et sa descendance de leur chef, Jacques de Molay*, avant que ce dernier rende l’âme sur le bûcher, ne se sera pas fait que des amis durant son règne.
Charles de Valois, le p’tit frère de Philippe, frustré d’avoir été supplanté par ce vulgaire bourgeois comme principal conseiller royal et surtout comme Gardien du Trésor, aura sa revanche. Il convainc donc Louis X, fils et successeur de Philippe (donc son neveu, si vous avez bien suivi) de faire arrêter de Marigny sous une quarantaine de chefs d’accusation, dont aucun ne tient la route. Qu’à cela ne tienne, on l’accusera de sorcellerie, une valeur sûre lorsqu’on est à court d’arguments, surtout lorsque le fardeau de la preuve réside sur les épaules de l’accusé. Pour ajouter l’insulte à l’injure, l’accusateur principal sera l’évêque Jean de Marigny, le frère cadet d’Enguerrand. Comme on peut souvent le constater, avec la famille, nul besoin d’ennemi…
Enguerrand est donc pendu et laissé suspendu pendant 2 ans pour y faisander, au sympathique gibet de Montfaucon, soit jusqu’à ce qu’un autre procès le disculpe et le réhabilite. Trop peu, mais surtout, beaucoup trop tard.
*lire Les Rois maudits de Maurice Druon